ma ville où je suis née.

J'ai souvent erré dans tes rues pavées d'or. Rouen, toi, ma ville où je suis née. J'ai refait le monde à des heures inconnues. J'ai connu ton ombre au coin de tes rues. J'ai usé mes os, mon dos et mon armure, à un âge où rien ne nous rassure. Un avenir certain, une vie de gagne-pain. J'ai crié mon amour aux nuits suffocantes. J'ai chanté tes réveils aux brumes polluantes. Rouen, toi, ma ville où je suis née. Aujourd'hui, je ne te reconnais plus, de ma jeunesse laissée à tes rues pavées d'or. J'ai senti tout le poids des années, du temps qui fuit et ne reviendra jamais. Rouen, toi, ma ville où je suis née. J'ai entrevu ce que tu me cachais. Mondaine, hautaine sur tes terrasses de cafés. J'ai pris en pleine gueule ton sourire botoxé. Tes masques, tes creux, ton vide, ta suffisance peroxydé. Dans tes rues, aujourd'hui, je me suis égarée. Je ne t'ai pas reconnue, Rouen, toi, ma ville où je suis née.